Le dimanche 28 juillet 2019 à 15h30

Sébastien Roubinet – La voie arctique

En juin dernier, Sébastien Roubinet, Vincent Colliard et Éric André ont pris le large au nord de l’Alaska pour tenter de parcourir 3 000 km jusqu’au Spitzberg, en passant par le pôle Nord géographique, à bord d’un voilier pas comme les autres. C’est la troisième tentative de Sébastien Roubinet, puisqu’à deux reprises (en 2011 et 2013) il a entrepris de réaliser ce rêve : « franchir le dernier océan à ne jamais avoir été traversé à la voile ». C’est un pari audacieux d’autant plus que c’est un océan gelé ! Il a donc fallu imaginer un bateau hybride capable de naviguer autant sur l’eau que sur la glace. Voilà presque 10 ans qu’il s’est consacré à ce projet. Il a conçu, modifié et construit deux prototypes, avant de repartir avec cette troisième version très aboutie.

À ce challenge technique et sportif s’est ajouté un défi scientifique. En effet, les trois explorateurs se sont mis au service de la science, en réalisant des prélèvements d’eau et de neige, afin d’en apprendre plus sur les micros plastiques, la cryoconite (ce dépôt de poussière atmosphérique qui pourrait participer à la fonte des glaces) et étudier les différents polluants. Ils ont également procédé à des mesures et des images des glaces rencontrées. Une glace qui s’est révélée être plus fine que les relevés satellitaires.
Leurs relevés, prélèvements et observations ont pour but d’aider à déterminer la santé de l’Arctique.

Cependant, à bord de Babouch’ty, il n’y a pas de scientifique ! La partie habitable du voilier – 4m2 sur 75 cm de haut – ne peut abriter que trois personnes… et encore !

Partis le 19 juin dernier de Pruddhoe Bay, au nord de l’Alaska, l’expédition ne s’est pas déroulée comme souhaité. Dès le départ, ils ont été confronté à une glace impraticable qui les a considérablement freiné. Ils ont été obligé d’avancer mètre par mètre, avec l’aide de palans, pendant près d’un mois. Sachant que le créneau pour effectuer la traversée totale de l’océan arctique est assez court, ce retard a malheureusement pénalisé la suite de l’aventure. La deuxième étape s’est déroulée plus facilement. Les conditions d’eau et de glace se sont améliorées. Ils ont réussi à parcourir presque 1 000 milles et réduit ainsi le retard accumulé le premier mois. Mais pas suffisamment…

Alors qu’ils atteignent le 80° Nord, le bilan est sans appel : à un tiers du parcours, il ne leur reste qu’un mois avant l’arrivée de l’hiver, ils décident alors de renoncer et de faire demi-tour avant de ne plus pouvoir ; rentrer par leur propre moyen est la seule issue qu’ils envisagent, plutôt que de risquer de se faire récupérer par un brise-glace. Une nouvelle expédition débute alors.

Le retour vers le sud ne s’est pas fait sans difficultés. L’hiver approchait et amenait avec lui la nuit et les dépressions. Ils ont dû redoubler de vigilance, malgré la fatigue physique qui, immanquablement, se renforçait. Les derniers 15 jours se sont révélés être particulièrement rudes. Mille après milles, ils ont du puiser très loin dans leurs ressources physiques et mentales. Ce n’est qu’en touchant enfin la terre, qu’ils ont pu enfin souffler.

Malgré tout… à aucun moment, ils n’ont abandonné, ni baisser les bras. Leur moral est resté intact. Ils étaient simplement heureux d’être là et se sentaient chanceux de vivre cette expérience. Bien que l’objectif de traverser l’océan arctique à la voile n’ai pas été atteint, les trois hommes ont vécu une véritable aventure arctique, avec ses richesses, ses difficultés… Ce qu’ils ont réalisé, en 83 jours, est un véritable exploit et plus que jamais « c’est le voyage qui compte ».

 

LIENS UTILES

                                                                                                                         

26 minutes Salle des fêtes